Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ainsi donc, dit Harley, M. Leslie vous assurait de l’affection de Mme di Negra lorsque vous-même en doutiez ?

— Oui, elle l’a trompé, plus encore que moi.

— Pauvre monsieur Randal ! Et cet excellent ami est votre parent, dites-vous ?

— Sa grand’mère était une Hazeldean.

— Ah ! Et ce même parent vous a donné à entendre que vous pourriez acquitter cette dette avec la dot de la marquise, et qu’il obtiendrait le consentement de votre père à votre mariage avec cette dame ?

— Je n’aurais pas dû le croire, moi qui connaissais tous les préjugés de mon père contre les étrangers et les papistes.

— Et maintenant M. Leslie pense comme vous que vous feriez bien d’aller sur le continent et de vous en remettre à son intercession auprès du squire ? Il a donc beaucoup d’influence sur M. Hazeldean ?

— Mon père me compare naturellement à lui, et il est si instruit, si laborieux, si régulier dans ses habitudes, tandis que moi je ne suis qu’un vaurien…

— Et la plus grande partie des propriétés de votre père n’est pas substituée ? M. Hazeldean a le droit de vous déshériter ?

— Je l’ai bien mérité. J’espère qu’il le fera.

— Vous n’avez ni frères, ni sœurs, ni peut-être aucun parent plus proche que votre excellent ami M. Randal Leslie ?

— Non ; et c’est pour cela qu’il est si bon pour moi, sans quoi je serais la dernière personne qui lui convînt. Vous ne vous faites pas d’idée combien il a d’esprit et d’instruction, ajouta Frank d’un ton d’admiration mêlée de respect.

— Mon cher Hazeldean, voulez-vous en croire mon avis ?

— Certainement ; vous êtes trop bon.

— Que toute votre famille, y compris M. Leslie, vous croie parti pour le continent ; mais restez tranquillement en Angleterre, et s’il vous est possible, à une journée de distance de Lansmere. Je suis obligé de m’y rendre à cause des prochaines élections. Je vous demanderai peut-être de venir m’y rejoindre. Je crois avoir trouvé le moyen de vous servir, et s’il en est ainsi vous aurez bientôt de mes nouvelles. Maintenant, dites-moi, je vous prie, le numéro du baron Lévy ?

— C’est la maison devant laquelle vous voyez un cabriolet arrêté. »

Lord L’Estrange et Frank échangèrent une cordiale poignée de main, et Frank vit avec inquiétude L’Estrange disparaître sous la porte de l’usurier fashionable.