Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nir d’un intérêt plus modéré. » En un mot, rien de plus honnête et de plus généreux que toute sa manière d’être. Il réfléchit, dit-il, à un moyen de me délivrer complètement de mes embarras, et à cet effet il passera chez moi dans quelques jours, lorsqu’il aura mûri son plan. Après tout, je ne puis devoir cela qu’à vous, Randal. Je jurerais que c’est vous qui le lui avez mis en tête.

— Non, en vérité. Au contraire, je vous répète : soyez prudent dans vos affaires avec Lévy. J’ignore complètement, je vous l’assure, ce qu’il veut vous proposer. Avez-vous des nouvelles d’Hazeldean ?

— Oui, j’en ai reçu aujourd’hui même. Imaginez-vous que les Riccabocca ont disparu ; c’est ma mère qui me l’écrit ; sa lettre est singulière. Elle semble croire que je sais où ils sont et me reproche d’en faire mystère… C’est pour moi une énigme. Mais il y a dans la lettre une phrase qui semble se rapporter à Béatrix ; lisez plutôt. « Je ne te demande pas de me dire tes secrets, Frank ; mais Randal t’aura sans doute assuré que ton bonheur sera ma première considération dans toute chose où ton cœur sera réellement engagé. »

— Oui, dit lentement Randal, ceci a trait à Béatrix ; mais comme je vous l’ai déjà dit, votre mère ne veut intervenir en aucune façon, une pareille intervention affaiblirait son influence sur le squire. En outre, comme elle le disait, elle ne peut souhaiter de vous voir épouser une étrangère, bien que si vous étiez une fois marié,… Mais où en êtes-vous avec la marquise ? A-t-elle consenti ?

— Pas tout à fait ; je ne me suis pas clairement expliqué. Ses manières, bien que devenues plus affectueuses, ne m’y autorisent pas encore, et puis, avant de risquer une déclaration positive, il faut certainement que j’aille faire un tour au manoir et que je parle au moins à ma mère.

— Vous en êtes le meilleur juge ; mais pas d’imprudence. Ne partez pas sans m’avoir vu. Nous voici à mon bureau. Au revoir, et… et rappelez-vous que, quels que soient vos rapports avec Lévy, je n’y entre pour rien. »


CHAPITRE X.

Vers le même soir, Randal galopait sur la route de Norwood. L’arrivée d’Harley et la conversation qui avait eu lieu entre lui et Randal, rendaient celui-ci désireux de s’assurer s’il était probable que Riccabocca apprît le retour de L’Estrange en Angleterre et le rencontrât, car il sentait que si ce dernier venait à savoir que Riccabocca avait été dirigé par lui dans son changement de résidence, Harley trouverait que Randal avait manqué de franchise envers lui, et d’un autre côté, Riccabocca, assuré de la protection tout efficace de