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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/340

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« Et bien que M. Leslie doive être, grâce à vous, élu député de Lansmere, vous désirez toujours que je…

— Faites exactement ce que je vous ai dit. Mes plans ne varient jamais d’une ligne. »

Un valet de chambre entra.

« Milord, le révérend M. Dale demande si vous pouvez le recevoir.

M. Dale ! Il ne devait venir que demain. Dites-lui que je ne l’attendais pas aujourd’hui, que je serai malheureusement occupé jusqu’au dîner, qui doit avoir lieu plus tôt que de coutume. Conduisez-le dans sa chambre ; il n’aura guère que le temps de s’habiller. À propos, M. Egerton dînera dans son appartement. »


CHAPITRE XXVI.

Les principaux membres du comité bleu avaient été invités à dîner au château, et l’heure du repas avait en effet été avancée, afin de laisser libres les agents électoraux à la veille d’une élection qu’on savait devoir être chaudement disputée, et alors que les intraitables cent cinquante tenaient toujours en réserve leurs précieux votes.

La réunion fut gaie et animée, malgré l’absence d’Egerton, qui, aussitôt son retour de l’hôtel de ville, s’était enfermé chez lui et avait fait dire à Harley qu’il était trop souffrant pour assister au dîner.

Randal, en dépit du succès fort équivoque de son discours, était en joyeuse humeur. Que lui importait après tout d’avoir échoué dans son discours, pourvu qu’il réussît dans son élection ? Il lui tardait de se trouver à ce rendez-vous assigné par Dick Avenel où tout devait s’arranger. Et le squire lui apportait le lendemain l’argent destiné à l’achat des terres tant désirées. Si donc Randal Leslie s’était jamais senti heureux, c’était ce soir-là tandis que trinquant avec M. le maire et M. l’adjoint il contemplait, à travers le brillant plateau d’argent, une longue perspective de fortune et de pouvoir.

À peine le dîner était-il fini, que lord L’Estrange rappela en quelques paroles à ses hôtes tout ce qui leur restait à faire, et après avoir porté un toast aux futurs députés de Lansmere, renvoya le comité à ses travaux.

Lévy fit un signe à Randal, qui le suivit dans sa chambre.

« Savez-vous, Leslie, que votre élection me semble en péril, dit le baron. J’ai compris d’après une conversation avec mes voisins de table qu’Egerton par son discours a si bien fait la conquête des bleus, et qu’ils craignent tellement de perdre un homme qui leur fait tant d’honneur, que les membres de leur comité non-seulement parlent de