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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/358

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— Ô Harley ! c’est là vous venger. Cela va droit au but, murmura Egerton, et des larmes s’échappèrent de ces yeux qui eussent contemplé stoïquement le gibet ou la roue. L’horloge sonna ; Harley se leva soudain.

— J’ai encore le temps, s’écria-t-il ; j’ai beaucoup à faire et à défaire. Vous êtes hors des griffes de Lévy ; je vais, maintenant, assurer votre élection. Votre fortune peut en grande partie se rétablir, vous avez devant vous une perspective pins glorieuse que jamais, votre carrière n’est encore qu’à son début. Vous embrasserez demain votre fils. Adieu !… Donnez-moi encore une fois la main ! Oh ! Audley, nous pouvons encore être si heureux ! »


CHAPITRE XXX.

« Il y a un nœud, dit Avenel, lorsque, le soir vers dix heures, Randal vint le rejoindre près du taillis de chênes. Que voulez-vous ! la vie est pleine de nœuds, Randal ! Le grand art consiste à les dénouer !

— Quel est ce nœud, mon cher Avenel ?

Dick. Léonard a pris la mouche sur certaines expressions de lord L’Estrange, et il parle de se retirer.

Randal (avec une joie secrète). Mais son désistement dénouerait un nœud au lieu d’en créer un, ce me semble. Les votes qui lui sont promis deviendraient libres et iraient à…

Dick. Au Très-honorable.

Randal. Êtes-vous sérieux ?

Dick. Comme un employé des pompes funèbres. Le fait est qu’il y a deux partis chez les jaunes comme dans l’Église. — Les hauts-jaunes et les bas-jaunes. Léonard a eu le plus grand succès près des hauts-jaunes ; il a sur eux plus d’influence que moi, et les susdits hauts-jaunes préfèrent de beaucoup Egerton à vous. Ils disent que, politique à part, il ferait du moins honneur à la ville. Léonard est du même avis, et s’il se désiste, je crains de ne pouvoir obtenir de lui ni de ses partisans qu’ils vous fassent profiter de ce désistement.

Randal. Mais sans doute la reconnaissance empêchera votre neveu d’aller contre vos désirs.

Dick. Malheureusement la reconnaissance est tout entière de l’autre côté. C’est moi qui lui ai des obligations et non pas lui à moi. Quant à lord L’Estrange, je ne puis deviner quelles sont ses véritables intentions ; pourquoi il a attaqué Léonard de cette façon, voilà ce qui m’intrigue plus que tout le reste, car c’est lui qui avait exigé que mon neveu se présentât. Puis Lévy m’a affirmé en confidence qu’en