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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/399

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squire, M. Sticktorights. Le curé combattant ainsi son fidèle allié le capitaine, remarque avec une surprise mélancolique qu’il est depuis longtemps en bien mauvaise veine et qu’il ne gagne plus autant qu’autrefois. Heureusement c’est là le seul chagrin, qui, avec les petites vivacités de mistress Dale auxquelles il est d’ailleurs accoutumé, vienne troubler la sérénité de sa vie. Il nous faut maintenant expliquer que si M. Sticktorights vient prendre place à la table de jeu d’Hazeldean, c’est que Frank est établi au Casino avec une femme qui lui convient de tous points, et que cette femme n’est autre que miss Sticktorights.

Riccabocca fut longtemps à se réaccoutumer à la pompe de ses principautés et à son titre de duc. Jemima s’est accommodée beaucoup plus promptement des grandeurs, mais elle a conservé toute sa simplicité de cœur et est adorée des paysans qui entourent ses domaines, particulièrement des jeunes gens des deux sexes qu’elle est toujours prête à marier et à doter, convaincue qu’elle est, depuis longtemps, des précieuses qualités du sexe masculin par la vénération que lui a inspirée le duc. Celui-ci continue à se railler des femmes et du mariage et à s’estimer — grâce à sa profonde connaissance des unes et à sa philosophique endurance de l’autre — le seul mari heureux qui soit au monde.

Plus longtemps encore fut le sage si pressé de se défaire de sa fille, à s’accoutumer à l’absence de celle-ci ; il n’y parvint que lorsqu’il entreprit sérieusement l’éducation du fils que Jemima, justifiant les pronostics de la science parturitive, mit au monde peu de temps après son arrivée en Italie.

Le docteur Morgan continue à prescrire des globules contre le chagrin et à administrer aux esprits malades des quantités infinitésimales. Fidèle à ses propres prescriptions, il avale un globule de caustique chaque fois qu’à la vue d’un de ses semblables malheureux, il se sent pris de compassion, vice de tempérament qu’il s’est enfin convaincu de l’impossibilité de guérir radicalement.

Dick Avenel, après être resté plusieurs années au Parlement, prit subitement la résolution de le quitter ainsi que Londres, dont la vie agitée le fatiguait. Il retira du commerce son capital devenu considérable, acheta les terres qu’avait encore à vendre le squire Thornhill, et sa grande ambition est aujourd’hui d’amener, soit par les caresses, soit par les menaces, les cultivateurs entre lesquels est subdivisé l’ancien domaine de Leslie, à se défaire en sa faveur de leurs jardins et de leurs cottages.

Harley, aidé de toute l’expérience de lord Lansmere, ne parvint à sauver de la fortune d’Egerton, pour le fils de celui-ci, que quelques milliers de livres.

La naissance et l’identité de Léonard furent facilement établies et personne n’essaya de les lui contester. Ce qu’il reçut de la succession de son père, joint à la somme qu’Avenel lui remit plus tard en payement de son brevet, et à la dot qu’Harley voulut absolument donner à Hélène, lui procura cette heureuse aisance qui échappe