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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/56

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Puis reculant de quelques pas, elle les contempla tous deux avec un visage radieux, comme si elle eût trouvé quelque chose qu’elle avait longtemps et silencieusement attendu, qu’il ne manquât plus rien à sa vie, et qu’il n’y eût plus de vide dans son cœur.


CHAPITRE XVI.

L’Italien et son ami sont enfermés ensemble.

« Et pourquoi avez-vous quitté le Casino ? Pourquoi ce nouveau changement de nom ?

— Peschiera est en Angleterre.

— Je le sais.

— Et il cherche à me découvrir, dans le but, dit-on, de m’enlever Violante.

— Il a eu l’effronterie de parier qu’il obtiendrait la main de votre fille. Je sais cela aussi, et c’est pourquoi je suis revenu en Angleterre, d’abord pour déjouer ses plans, et ensuite pour savoir de vous comment suivre un fil qui, si je ne me trompe, peut conduire à sa ruine et à votre rappel sans conditions. Écoutez-moi bien. Vous savez qu’après l’escarmouche que j’eus avec les soldats soudoyés par Peschiera pour vous poursuivre, je reçus du gouvernement autrichien un message poli qui me priait de quitter ses domaines italiens. Comme je tiens qu’il est du devoir d’un étranger qui reçoit l’hospitalité d’un État, de s’abstenir de toute participation à ses troubles civils, je crus donc mon honneur blessé par l’ordre qui m’était donné, et je me rendis sur-le-champ à Vienne pour expliquer au ministre dont j’étais personnellement connu, que bien que j’eusse, comme il était de mon devoir, protégé un fugitif réfugié sous mon toit contre une soldatesque furieuse aux ordres de son ennemi personnel, je n’avais pris part à aucune tentative de révolte, mais que j’avais au contraire, autant qu’il était en mon pouvoir, dissuadé mes amis italiens de leur entreprise, et cela parce que j’étais d’avis comme militaire et en la jugeant avec le calme d’un spectateur, qu’elle ne pouvait aboutir qu’à une inutile effusion de sang. Il me fut permis d’appuyer mon explication de preuves satisfaisantes, et mes relations avec le ministre prirent un caractère presque affectueux. Je fus alors en position de plaider votre cause, et de parler de votre répugnance première à entrer dans le complot des insurgés. Je convins que vous désiriez assez l’indépendance de votre pays natal pour vous trouver à l’avant-garde si le drapeau de l’Italie avait été hardiment arboré par ses chefs légitimes, ou par le soulèvement de tout un peuple, mais je soutins que tous n’eussiez jamais pris part à une conspiration, absurde en elle-même, et déshonorée d’avance par les coupables projets