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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/78

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fatigué : plusieurs années de rude travail finissent par altérer la physionomie, mais peu importe, j’ai passé l’âge où l’on consulte son miroir avec inquiétude. »

En parlant ainsi Egerton ayant achevé sa toilette s’approcha de la cheminée, droit et digne comme de coutume, plus beau encore que bien des jeunes gens, et avec une vigueur apparente qui semblait devoir supporter pendant bien des années encore le triste et glorieux fardeau du pouvoir.

« Voyons maintenant votre affaire, Harley ? dit-il.

— Et d’abord je désire qu’aussitôt qu’il sera possible, vous me présentiez à Mme di Negra. Vous m’avez dit qu’elle désirait me voir.

— Parlez-vous sérieusement ?

— Très-sérieusement.

— Eh bien alors, elle reçoit ce soir ; je n’avais pas l’intention d’aller chez elle, mais quand mes convives seront partis…

— Vous pourrez me prendre au club ; faites-le, je vous prie. En second lieu vous avez connu lady Jane Horton encore mieux que moi, du moins dans les derniers temps de sa vie (Harley soupira et Egerton attisa le feu). Avez-vous jamais vu chez elle une mistress Bertram, ou l’en avez-vous jamais entendue parler ?

— De qui ? fit Egerton d’une voix sourde, le visage toujours tourné du côté du feu.

— D’une mistress Bertram ; mais qu’avez-vous, mon ami ? Êtes-vous malade ?

— C’est un spasme au cœur, voilà tout. — Ne sonnez pas, cela va se passer. — Continuez — mistress… Pourquoi me demandez-vous cela ?

— J’ai à peine le temps de vous l’expliquer, mais j’ai résolu, comme vous le savez, de faire rendre justice à mon ami Italien, si le ciel me vient en aide ainsi qu’il fait toujours à ceux qui ont pour eux le bon droit lorsqu’ils s’aident eux-mêmes, et cette mistress Bertram est mêlée aux affaires de mon ami.

— À ses affaires ? Comment cela ? »

Harley en donna l’explication rapide et succincte. Audley l’écoutait attentivement, les yeux fixés sur le tapis et paraissait ne respirer encore qu’avec la plus grande difficulté.

À la fin il répondit : « Je me rappelle cette mistress… mistress Bertram. Mais vos recherches à son sujet seraient infructueuses. Je crois avoir entendu dire qu’elle est morte depuis longtemps ; et même j’en suis certain.

— Morte ! cela est bien malheureux. Mais connaissez-vous quelqu’un de ses parents ou de ses amis ? Pourriez-vous m’indiquer un moyen quelconque de retrouver ce paquet s’il lui est parvenu ?

— Non.

— Et lady Jane à ma connaissance n’avait d’autre amie que ma mère, qui ne se rappelle pas avoir jamais vu de mistress Bertram. J’ai envie de mettre un avertissement dans les journaux. Cependant non, car je ne pourrais distinguer cette mistress Bertram