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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/38

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que l’air sévère de mes nobles compagnons qui, malgré la vulgarité de leurs goût, n’oubliaient jamais la dignité de leur naissance ; il m’accosta donc aussitôt d’un air familier.

« Je vous le disais bien, monsieur Pelham, brebis qui bêle, etc., j’étais sûr d’avoir le plaisir de vous retrouver, quoique vous eussiez fait le mystérieux. Eh bien, voulez-vous parier à présent ?… non ! ah vous êtes un finaud !… Je reste là, à cette jolie petite maison qui est à Dawson, un de mes bons amis, voulez-vous que je vous présente ?

— Monsieur, lui dis-je brusquement, vous êtes trop bon. Faites-moi le plaisir de rejoindre votre bon ami M. Dawson.

— Oh ! reprit Thornton avec son aplomb imperturbable, cela ne fait rien, il ne m’en voudra pas d’être un peu en retard. Pourtant (ici il vit que l’expression de mes yeux n’annonçait rien de bon), pourtant, il se fait tard et ma jument n’est pas des meilleures ; je vous souhaite le bon jour. » Là-dessus Thornton piqua des deux et s’éloigna.

« Qui diable avez-vous rencontré là, Pelham ? me dit lord Chester.

— C’est quelqu’un qui m’a accroché à Paris et qui réclame contre moi son droit de trouvaille en Angleterre. Mais permettez-moi, à mon tour, de vous demander à qui appartient ce lieu de plaisance que nous venons de dépasser ?

— À un M. Dawson dont le père était un gentilhomme campagnard, éleveur de chevaux, un homme très-respectable car j’ai fait avec lui un ou deux marchés excellents. Le fils est toujours sur le turf et y a contracté les mœurs les plus détestables ; il a une assez mauvaise réputation et il finira probablement par devenir un véritable escroc. Il a épousé, il y a peu de temps, une femme qui lui a apporté quelque fortune ; et c’est elle, je suppose, qui a ainsi changé et rajeuni sa maison. Allons, messieurs, nous voici en plaine, prenons-nous le trot ? »

Nous trottâmes pendant quelque temps mais nous fûmes bientôt arrêtés par une montée formidable, et comme en ce moment, lord Chester était fort occupé à faire l’éloge de son cheval à l’un des cavaliers de la compagnie, j’eus tout le temps d’examiner les lieux où nous nous trouvions. Au