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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/72

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Je savais que la maison que j’avais remarquée le matin n’était qu’à quelques minutes du lieu où je me trouvais, mais elle appartenait à Dawson sur qui s’étaient portés d’abord mes soupçons. Je me rappelais la mauvaise réputation de cet homme, et celle de son compagnon Thornton encore plus endurci et plus mal famé que lui. Je me souvenais de la répugnance que ce malheureux homme assassiné avait montrée à accepter leur compagnie, et les raisons trop bien motivées sur lesquelles il se fondait pour cela. Mes soupçons acquirent enfin un tel degré de certitude que je résolus d’aller à Chester Park pour y donner l’alarme, plutôt que de courir le risque inutile d’affronter les meurtriers au sein même de leur repaire. Et pourtant, me disais-je, en reprenant lentement ma route, si ce sont eux qui ont commis le crime, comment expliquer l’apparition et la fuite de ce cavalier déguisé ?

Je me rappelai alors tout ce que Tyrrell m’avait dit de la poursuite à laquelle il avait été en butte de la part de ce mystérieux personnage, et cette circonstance singulière, qu’il avait précisément passé auprès de moi presque aussitôt après que Tyrrell m’eut quitté. Mes réflexions associaient cette circonstance à un nom que je n’osais me dire même tout bas à moi-même, et cependant je trouvais malgré moi dans ce nom une explication à cette poursuite et même à cette mort. Tout cela me rendit indécis, et me fit rejeter complètement la condamnation que j’avais d’abord prononcée contre Thornton et son ami. Aussi lorsque j’arrivai à la porte blanche et à la petite avenue qui conduisait à la maison de Dawson, je résolus, à tout évènement, de faire halte à cette habitation isolée et d’observer l’effet que produirait ma communication.

J’eus peur un moment pour ma propre sûreté, mais ce sentiment disparut presque aussitôt. En effet, en supposant même que ces gens fussent coupables, ils n’auraient eu aucune raison pour faire une victime de plus en renouvelant sur moi leur attentat. Je me sentais d’ailleurs capable de commander à mon visage et de ne laisser rien passer dans mes manières, des soupçons que je pouvais concevoir.