Aller au contenu

Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lait toujours au premier étage. Nous sonnâmes, et au bout de peu d’instants, Thornton vint lui-même nous ouvrir la porte. Il paraissait pâle et agité.

« Quelle abomination ! dit-il aussitôt, nous arrivons à l’instant même de la lande !

— Accompagnez-nous, monsieur Thornton, lui dis-je d’une voix ferme en fixant mes yeux sur les siens.

— Certainement, me répondit-il aussitôt, sans faire paraître la moindre confusion. Je vais mettre mon chapeau. »

Il resta un instant dans la maison.

« Ne soupçonnez-vous pas ces gens-là ? me dit à l’oreille lord Chester.

— Je n’ai pas précisément des soupçons, lui dis-je, mais des doutes. »

Nous reprîmes l’avenue. « Où est M. Dawson ? dis-je à Thornton.

— Oh ! il est à la maison, me répondit Thornton. Voulez-vous que j’aille le chercher ?

— Allez-y, » répondis-je.

Thornton resta absent pendant quelques minutes ; il reparut suivi de Dawson. « Pauvre garçon, me dit-il à voix basse, il a été tellement frappé de ce spectacle qu’il en est encore tout bouleversé ; du reste, comme vous verrez, il est à moitié ivre. »

Je ne répondis pas, mais je regardai attentivement Dawson ; il était évident, ainsi que le disait Thornton, qu’il était ivre ; il avait les yeux hagards et il vacillait sur ses jambes ; mais il y avait dans son état quelque chose de plus que de l’ivresse ; il était agité et tremblait de tout son corps. Mais cela pouvait être la conséquence naturelle (et par conséquent innocente) de l’effroi que lui avait causé la vue du cadavre ; aussi, n’y attachai-je pas beaucoup d’importance.

Nous arrivâmes au lieu de l’évènement ; le corps semblait n’avoir point été changé de place. « Mais, dis-je à Thornton, en le prenant à part, pendant que tout le monde, saisi d’effroi, entourait le cadavre, pourquoi ne l’avez-vous pas fait porter à la maison ?

— J’allais revenir ici avec le domestique dans cette inten-