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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/76

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tion, me répondit le joueur, car ce pauvre Dawson était trop gris et trop ému pour pouvoir nous aider.

— Et comment se fait-il, lui dis-je en cherchant à lire dans ses yeux, que votre ami et vous ne fussiez pas de retour à la maison quand j’y ai passé, car enfin vous étiez bien en avance sur moi, et je ne vous ai pas rencontrés depuis que vous m’aviez quitté ? »

Thornton me répondit sans aucune hésitation : « C’est parce que pendant le plus fort de l’orage nous nous sommes mis à l’abri sous un vieux hangar que nous nous sommes rappelés dans les environs, et que nous y sommes restés jusqu’à ce que la pluie eût cessé. »

Il est probable, me dis-je, qu’ils sont innocents, et je revins considérer le cadavre que nos compagnons avaient relevé. Il avait à la tête une large plaie contuse produite vraisemblablement par un instrument pesant avec lequel on l’avait assommé. Les doigts de la main droite avaient de profondes entailles ; il y en avait un qui était entièrement séparé : le malheureux homme avait probablement voulu saisir l’arme tranchante avec laquelle avaient été faites les autres blessures, l’une au cou, l’autre au côté, toutes deux suffisantes pour donner la mort.

En le déshabillant, on découvrit une autre blessure mais d’une nature moins grave, et en soulevant le corps on trouva à terre la lame cassée d’une arme tranchante qui parut être un long couteau-poignard. Le chirurgien qui examina le corps peu de temps après exprima l’opinion que le poignard s’était cassé sur une côte : il expliquait ainsi le peu de profondeur de la blessure dont je viens de parler. Je regardai avec attention dans l’herbe haute et épaisse, pour voir si je ne trouverais pas quelque autre trace du meurtrier ; Thornton m’aidait dans cette recherche. À une distance de quelques pieds du cadavre, il me sembla voir un objet brillant, je courus, et ramassai vivement cet objet : c’était une miniature. J’allais crier, quand Thornton me dit tout bas : « Silence ! je connais ce portrait, c’est bien ce que je soupçonnais. »

Je ressentis au cœur une douleur poignante. D’une main désespérée et tremblante, j’essuyai le portrait qui était