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Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/81

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rompue de désordres et de mauvaises actions si insignifiantes qu’elles puissent paraître en elles-mêmes, que le sens moral s’altère et que le cœur s’endurcit.

Ma mère n’était pas à Londres quand j’y revins. On lui avait écrit pendant ma maladie et, tandis que je parcourais le journal, on me remit une lettre d’elle que je transcris ici.

« Mon cher Henry,

« Dans quelle terrible inquiétude je suis à votre égard ! Écrivez-moi de suite. Je voulais partir moi-même pour Londres, mais je suis auprès de cette chère lady Dawton qui ne veut pas entendre parler de mon départ, et, dans votre intérêt, je ne dois pas lui déplaire. À propos, pourquoi n’avez-vous pas été voir lord Dawton ? mais j’oublie que vous avez été malade. Mon cher, cher enfant, cette maladie me rend bien triste ; comme vous devez être pâle à présent ! justement voilà la belle saison qui approche ; quel malheur ! Je vous en prie, ne mettez pas une cravate noire la première fois que vous rendrez visite à lady Roseville ; mettez plutôt une cravate de fine batiste, cela donnera à votre teint un air plutôt délicat que maladif. Quel médecin avez-vous pris ? je prie Dieu que ce soit sir Henry Halford ; je serais trop malheureuse s’il en était autrement. Personne ne peut savoir ce que je souffre. Votre père, le pauvre homme, a été au lit ces trois derniers jours avec la goutte. Tâchez de reprendre le dessus, mon cher enfant, et lisez quelques livres de littérature légère pour vous distraire. Mais je vous en prie, sitôt que vous serez bien, allez chez lord Dawton, il meurt d’envie de vous voir ; pourtant prenez garde de vous enrhumer. Comment avez-vous trouvé lady Chester ? je vous en prie, prenez bien soin de vous et écrivez le plus tôt possible à votre malheureuse et affectionnée mère.

« F. P.

« P. S. Comme cet événement du pauvre sir John Tyrrell est affreux ! »