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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/103

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qui boivent le soleil, vont s’asseoir près des ruches et les vieilles se pressent comme à quinze ans ; les faux balancent leurs éclairs sur l’herbe crépitante d’étincelles, les fruits tournent sur les branches, les hirondelles filent comme des flèches noires, et les granges, à l’ombre, sont en bois violet. Les allouchiers se constellent de cétoines, grosses émeraudes volantes qui s’abattent et dévorent, partout les arbres crépitent, ronflent, grésillent, tandis que l’eau roucoulante agace les paisibles cailloux.

Les yeux des chèvres sont plus narquois, ceux des vaches plus éveillés ; les bêtes avivées se délectent d’un air aromatique, d’une moelleuse verdure, et, pour tous, le jour coule facile et vivifiant jusqu’à la chute du soleil.

Alors, ceux qui ébourgeonnent les vignes, remontent, en long défilé, par les ruelles, où jaunit le réséda sauvage.

Toutes les ménagères ont les bras nus, les mains froides et plissées. C’est que les

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