Aller au contenu

Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lessives de Printemps se déploient en blanches processions qui ne touchent pas le sol.

Celle du Président est étendue dans le grand verger, proche du cimetière. Le vent de deux heures qui arrive tout fringant du fond de la vallée, promène les chemises, les accroche et les enroule aux branches des pommiers.

Les marguerites se disent : « Quel beau linge ! Comme il y en a ! Cette toile est devenue si brillante, elle éclaire le pré. »

Les Chemises : Où est le temps où nous étions les plantes vives dans les chenevières pleines de soleil ! C’était la bonne liberté. Mais depuis, rouies, filées, cousues, enfermées ! On s’ennuie dans l’armoire ou dans le grenier ; cependant, la lessive est une fête, nous jouons avec le courant.

Et l’une d’elles s’abat sur la brebis brune couchée auprès de ses agneaux.

Sur le chemin passent deux femmes :

« Tu sais la nouvelle, Adrien a fait une pariure de huit litres qu’il traverserait le Rhône.

- 98 -