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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/108

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Tout le monde ignore la minuscule existence de Verte. Ainsi se nomme la chatte attachée au seuil qui, sur la pierre brûlante à midi, goûte les siestes longues exemptes de mauvais songes.

Ses pattes sont blanches, ses yeux ambrés comme deux petites coupes d’un vin rare où trempe une graine noire et pointue, et sur son pelage gris, en caractères enclavés et barbus, s’alignent d’obscurs grimoires qui changent de signification tous les jours. Elle a un sourire entendu, des oreilles sensibles, une humeur inégale, avec d’interminables nonchalances et de soudaines brusqueries.

Elle vit dans un domaine de légende, sonore du vol doré des abeilles, embaumé par le souffle charmeur des tubéreuses et des lys,

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