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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/109

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et dont la muraille est orfèvrée d’églantiers aux calices larges, pétris de soleil et de sang. Les pétales somptueux pleurent en silence sur le repos de Verte, princesse dormante dans son jardin refleuri.

Elle n’aime rien qu’elle-même, mais on peut l’aimer. Son galant qui demeure chez la voisine s’appelle Jaune, parce qu’il porte une cape orangée, jetée sur sa fourrure blanche. Parfois, sous la grange on l’entend râler.

Par un étroit chemin de fleurs, il vient voir l’indolente Verte et laper sa crème dans l’écuelle bleue posée près des œillets, puis il se retire et Verte s’endort.

Mais sans dormir.

Au moindre froissement, les yeux chauds s’entrebâillent pour laisser filtrer, dans un rayon bref, la petite âme inquiète et cruelle qui ne s’assoupit jamais. Et puis la tête penche, rien ne vit plus que le flanc doux qui se soulève régulièrement.

Écoute, Verte, c’est aujourd’hui le dimanche de la Trinité, le clocher sonne un grand

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