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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/110

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carillon, et c’est, dans l’air, comme des milliers de pigeons blancs qui tourneraient. On n’entendra ni les roues geignantes du char, ni les sabots frappeurs du mulet. Comme toi personne ne travaille, c’est une belle journée, et Jaune aura peut-être un morceau de lard pour son dîner.

Mais vos amours se faneront comme les ancolies que les frelons épuisent, comme les iris qui, déjà, sont à l’agonie. Tu as entendu la faux mâcher l’herbe du pré pour te faire un tapis neuf où tu puisses t’étendre, cela veut dire que l’heure est proche où Printemps va nous quitter. Tu ne l’entendras plus rire en caressant les églantines, tu ne sentiras plus son haleine fraîche dans le vent.

Alors, le feu du soleil courra plus vif sur la pierre où tu reposes, et le chant de la cigale venu des plaines te bercera. Tu seras heureuse encore, mais autrement.

Ton front insoucieux ne sentira pas la marque légère de ce printemps passé ; pour toi rien n’aura changé, car tu ignores le

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