Aller au contenu

Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Printemps laisse flotter son voile vaporeux sur la forêt.

Et les bêtes qu’on délivre hument la liberté dans l’air enivrant du matin. Les portes battent, le fer des souliers craque sur les escaliers de pierre, celui-ci sangle le mulet, celui-là plie sa veste sur la cavagne bourrée ; encore ce sac, cette couverture, on a pris une musette de foin, bon, en route !

Des rumeurs montent de partout. Les sonnailles entendues au loin se rapprochent, et passent les vaches folles, avec leurs colliers magnifiques, aux agrafes ouvragées de dessins nobles comme des armoiries. Dès qu’elles ont le cou garni, elles perdent la tête, le toupin battant leur donne une démence joyeuse et ce sont des bonds, des galops, des chocs de cornes, des beuglements de bonheur vers le bon pâturage où l’herbe est meilleure que tout !

Leurs yeux, mornes de la réclusion d’hiver, s’ouvrent rafraichis devant tant de beauté nouvelle, elles se sentent dans le vrai chemin.