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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/122

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Quel plaisant voyage ! Voici le dernier village cramponné à la pente rapide, celui dont le vieux proverbe dit qu’il est le paradis des chèvres et l’enfer des femmes. Voici la chapelle de Notre-Dame des Paniers où l’on fait en passant, tête nue, le signe de croix humecté d’eau bénite, et puis c’est le gouffre où le torrent exaspéré roule son éternelle colère, le torrent qui lime la roche depuis combien de mille ans, et qui descend toujours jusqu’à ce qu’il rencontre l’enfer.

La vallée est étroite, emplie de fraîcheur nocturne et fermée par les arêtes cassées où la neige en loque achève son usure ; les arbres sont piqués dans les anciennes et silencieuses avalanches de sable roux, et les quatorze stations du Calvaire sont les seules petites maisons qui abritent les souvenirs de la Passion.

Vers le Pont du Diable, lancé d’un bord à l’autre de l’abîme, les pins couleur de sang, posés sur leurs racines découvertes qui se

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