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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/123

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nattent, dévalent en longs bras caressants jusqu’au petit sanctuaire pour l’étreindre et le protéger. Là, les fougères délicates jaillissent en fusées vert pâle dans l’ombre affermie, et le joyeux origan garde le chemin enchanteur où la mort vient parfois s’asseoir et attend.

Le rustique défilé s’allonge dans une continuelle sonnerie de cloches qui fait fuir les oiseaux nichés dans les rochers. Les chèvres cravatées de cordes prennent les devants, rongeant à droite et à gauche jusqu’à l’arrivée, les moutons et les cabris les suivent en bêlant, puis les vaches par longues files.

Tchaou ! Des pierres volent pour les remettre dans la bonne voie, et quand la chèvre disparaît on entend crier : « bîan ! bîan ! »

Les cochons, eux, ne veulent pas se presser. Qu’ils soient noirs, rouges ou tigrés, gros ou petits, leurs pieds tendres, au bout de six mois de repos, s’endolorissent, et les branches cinglantes, encore garnies de feuilles qui fouettent leurs flancs soyeux n’y font rien.

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