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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/125

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François mène son bétail, sa veste sur l’épaule, une fleur aux dents, et la chemise ouverte à la caresse du vent frais ; le mulet blanc porte une grosse charge de paille où niche la Catherine avec son poupon, elle aussi profite du voyage pour allonger le bas et pique dans ses tresses noires les aiguilles d’acier ; Philippe a ficelé sa famille en haut des sacs, le plus petit dort au soleil, la tête secouée par le pas du mulet, et l’autre mange d’un air méfiant les bonbons cachés dans son chapeau.

Sur les ustensiles ballottants, la lumière amusée coule en reflets : c’est la marmite à trois jambes, les barillets lustrés comme des châtaignes, la mestre, les seillons de bois qui épousent la forme du bât. Tous se frottent amicalement, et racontent au passage la jolie vie franche et libre des chalets : « Nous avons quitté la cuisine noire où le jour n’entre jamais, où la femme remue comme une sorcière à travers la flamme, la cuisine où le bois vert crie en faisant une grande fumée.

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