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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/126

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« Vive le sentier qui sent bon la résine, on y entend l’eau chanter, le vent courir, les feuilles se balancer… il nous mène où nous avons le meilleur temps de l’année. »

C’est ainsi qu’ils causent entre eux par des craquements légers et monotones qui bercent la montée.

Et la forêt s’ouvre. On entre sous la voûte glacée comme une église, avec les hauts piliers des sapins que le soleil fleurit d’or au sommet. Par une éclaircie, là-bas, c’est le pâturage enfin !

Et la montagne se dresse, tantôt bourrue avec le désordre énorme des rocs précipités, des arbres écorchés dans les dévaloirs, de l’eau folle qui se heurte partout ; tantôt dans la douceur des prés bleus de gentianes, mauves de jasiones, jaunes de polygalas, où la chèvre s’agenouille pour brouter dévotement des parfums.

Dans le lointain, les cascades, en mèches fines, peignent leurs chevelures blanches qui descendent sur les rochers polis.

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