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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/128

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dans la chambre, vous verrez quelle belle chambre et comme on est bien ici. »

Et dans la chambre, il y a des corbeilles pleines de laine gonflée et crépue, les rouets qui chantent le soir quand Patience file jusqu’à douze.

Il y a une image pieuse, un rameau bénit, et des fleurs de gentiane qui sèchent sur un plateau de bois pour faire du thé, il y a les robes nouées par des cordes en plis serrés.

Il y a le lit où Patience dort un bon sommeil dans la nuit toute fraîche sous le toit bas, tandis que les sylphes qui habitent ces parages entrent doucement dans la tuyère. Dans la chambre, il y a le bonheur simple né du travail quotidien qui fortifie les bras et cuit la peau au soleil, il y a l’exquise sérénité venue par la petite fenêtre, avec le souffle qui a touché la neige faite de pureté.

Le foin de l’an passé embaume près du retrait où dorment les tommes d’hier, et le lait rond et blanc enchâssé dans la seille comme une grande hostie.

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