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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/86

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Le crétin possède un lopin de terre, vingt toises à peine, sur le monticule ancien où s’élevaient jadis les écuries seigneuriales, au temps où l’évêque habitait la forteresse orgueilleuse de ses tours, qui est aujourd’hui la ruine.

Depuis des jours, il vient à la même place, dans ce coin aride planté de petits chênes, où les vipères frétillent en été. Son chapeau de paille gonflé s’est creusé au milieu en une coupe où le soleil luit comme dans un bassin de cuivre ; un ample pantalon se drape en plis tors autour de ses jambes courtaudes, et le vent taquine les effilés qui bordent ses vêtements démolis. Cent fois, il interrompt sa très lente besogne pour regarder devant lui, énigmatique et béat, puis il ramasse un

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