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Page:Burnat-Provins - Le Chant du Verdier, 1922.pdf/87

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caillou, le frotte, s’éternise à songer, et tout à coup le jette dans une flache où la dernière pluie a laissé dormir un peu d’eau, tandis que son ombre bleue, hésitante et désordonnée, retrace le même geste sur l’aire du champ. Si la grenouille saute, si le lézard fuit, le crétin rit silencieusement.

Mais il se lasse, oublie son jeu, les perles étincelantes qui bondissent quand la pierre tombe, les cercles mouvants qui s’effacent,… il reprend son travail.

Dans le terrain rocailleux, comme un bélier, le fossoir obstiné donne des coups de tête, il se redresse, une motte prise entre ses dents longues, et le crétin nettoie avec la minutie maladroite des êtres à pensée courte, faisant trois pas pour transporter un brin de paille hors de son labour.

Les hirondelles tournent au-dessus de sa tête, l’horloge du coucou sonne dans la forêt, et sur l’autre versant du tertre, les fleurs des salsifis sauvages étoilent, dans la fraîcheur, le brocart d’un manteau de reine ; le

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