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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/100

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Je ne demande plus d’être séparée de lui. Sérieuse à Berry-Hill, je serois malheureuse par-tout ailleurs. La présence de M. Villars m’aidera à retrouver la gaîté de mon caractère, et avec un léger effort, je suis presque sûre d’y réussir. La bienveillance d’un ami tel que lui me rend du courage : j’oublierai mes soucis dans la douceur de son commerce, et sa piété me servira d’exemple. Je sais que je lui dois tout ; et ses bienfaits ne pèsent point à ma reconnoissance : loin de-là, je fais consister ma gloire et ma satisfaction à me rappeler la somme des obligations qui me sont imposées envers lui.

Il étoit un temps où je pensois qu’il existoit un homme qui, lorsque l’âge auroit mûri son esprit, brilleroit parmi ses semblables avec ce même éclat de vertu qui distingue à mes yeux le digne M. Villars ; éclat infiniment supérieur aux bluettes passagères du bel-esprit et de l’imagination, puisqu’il a pour but le bien-être du genre humain, sans se borner à briguer une vaine et stérile admiration ! Mais quelle étoit mon erreur ! que j’ai mal jugé ! que j’ai été cruellement trompée !

Je n’irai point à Bristol, malgré les