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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/99

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de vue, je crois que je serois tranquille, si j’étois moins tourmentée par mes amis du voisinage ; tout le monde crie contre moi, on dit que mon humeur a changé, que je suis d’un sérieux à glacer, que ma santé tombe à vue d’œil. Ces remarques n’échappent point à M. Villars, et il en gémit. Un nuage épais couvre son front respectable aussi souvent qu’on parle de moi, et ses regards expriment en même temps sa tendresse et son inquiétude : j’en souffre d’autant plus, que je suis la seule cause de ses chagrins.

Madame Selwyn, qui possède une très-belle terre à trois milles de Berry-Hill, et qui a toujours eu pour moi beaucoup d’amitié, fera dans peu un tour à Bristol. Elle a proposé à M. Villars de m’y conduire pour rétablir ma santé. Il étoit embarrassé s’il devoit m’y laisser aller ou non ; mais j’ai décliné cette offre sans balancer, en protestant que l’air pur de notre habitation contribueroit plus que tout autre au retour de mes forces. Il m’a remercié de ce que je voulois bien consentir à ne pas le quitter. Que de bonté ! Puissé-je, comme il me l’écrivoit dans l’effusion de son cœur, devenir réellement la consolation de ses vieux jours !