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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/101

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sollicitations pressantes de madame Selwyn. Je ne veux plus voir le monde : le peu de mois que j’ai passés dans ses tourbillons, ont suffi pour m’en dégoûter ; j’en déteste jusqu’au nom même.

J’espère aussi de ne plus revoir mylord Orville. Accoutumée à le considérer depuis notre première connoissance, comme un être supérieur à son espèce, sa présence pourroit me faire oublier mon ressentiment et ses torts ; car comment pourrois-je, ma bonne amie, voir le lord Orville et être mécontente de lui !

Je l’aimois en sœur ; — je lui aurois confié chaque pensée de mon cœur, s’il m’avoit demandé ma confiance : telle étoit l’idée que j’avois de son honneur, de sa délicatesse et de son caractère. Mille fois je me suis dit que cet homme n’avoit d’autre vue, d’autre étude que la prospérité et la félicité de son prochain ; mais je n’y penserai plus, — je n’en parlerai plus, — je n’en écrirai plus.

Adieu, ma chère amie.