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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/147

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ajouta : « Vous permettrez, ma sœur, que je vous présente miss Anville ».

Lady Louise fit semblant de se lever de son sofa, et me dit froidement qu’elle seroit charmée d’avoir l’honneur de faire ma connoissance, et aussi-tôt elle chuchota quelques mots à l’oreille de mylord Merton. Quant à moi, je fus également confuse, et de la politesse inattendue de mylord Orville, et de la manière désobligeante dont sa sœur y répondit. — Quel contraste ! et comment ne l’apperçoit-elle pas, puisque tout le monde admire les manières aisées et polies de son frère !

La conduite de lady Louise l’avoit choqué ; il la quitta sans lui parler, et il continua à m’entretenir jusqu’à ce qu’on avertît que le dîner étoit servi. Ne devois-je pas lui tenir compte de son attention ? Oui, sans doute, et tous mes projets de vengeance furent oubliés.

À l’instant où nous allions nous mettre à table, M. Coverley survint encore : il fit, tout d’une haleine, un millier d’excuses de ce qu’il arrivoit si tard, et il allégua pour raison un petit accident. Il avoit eu le malheur de renverser et de briser son phaéton. À ce récit, lady Louise jeta un grand cri, et protesta