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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/17

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« Bon Dieu ! madame, qui auroit pu s’imaginer que c’étoit sérieusement ? Venez joliment, et ne faites pas la revêche. Votre grand’maman vous veillera de près, et vous n’aurez rien à risquer. Plus de prétexte, je vous prie, quand les billets sont achetés ».

« Monsieur, si votre intention étoit de me les présenter sans me laisser la liberté de vous en remercier, j’avoue que je vous en aurois moins d’obligation ».

« Vous êtes bien mordante, madame, et il n’y a pas moyen de vous parler. Tenez, votre grand’maman vous en fera la proposition, et alors, j’en suis sûr, vous serez moins cruelle ».

Madame Duval fut prompte à se déclarer en faveur de M. Smith : elle me pressa de laisser là mes difficultés ; et d’accepter l’invitation, puisqu’elle étoit résolue de m’accompagner. Je lui fis des représentations, mais qui ne furent point écoutées. M. Smith lui remit les billets, et m’annonça, d’un ton triomphant, qu’il reviendroit de bonne heure.

Je fus très-fâchée d’être forcée à contracter une espèce d’obligation envers un jeune homme aussi présomptueux que M. Smith ; mais je pris d’abord la résolution de ne pas danser avec lui,