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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/18

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quelque choqué qu’il pût être de mon refus.

Il revînt dans l’après-dînée, après avoir épuisé toutes ses ressources pour attirer mon admiration. Sa toilette étoit recherchée, quoique sans goût : mais l’air gêné que lui donnoit une parure à laquelle il n’étoit point accoutumé, et son affectation perpétuelle à jouer l’homme de condition, formoient un contraste ridicule avec ses manières grossières ; et malgré tous ses efforts, il étoit très-éloigné de faire ce qu’on appelle bonne figure.

Le jeune Branghton et sa sœur vinrent prendre le thé avec nous. Cette dernière ne put cacher l’émotion que lui causa la vue de M. Smith. Je m’étois proposé de concerter avec elle les moyens de rompre la partie du bal ; mais son humeur intraitable a dérangé ce projet. Elle mesura des yeux M. Smith ; et après m’avoir gratifiée d’un regard très-mécontent, elle alla bouder dans une croisée, répondant à peine aux questions de madame Duval, et me tournant le dos chaque fois que j’essayai de lui parler.

La vanité de M. Smith jouissoit véritablement du trouble de miss Branghton, et il n’eut pas seulement, la discré-