Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distinctement le jardin : ainsi, pour le désabuser, je lui annonçai que je me retirois dans ma chambre. Je serois sortie tout de bon, si le lord ne m’avoit retenue : ma réponse l’avoit convaincu que je comprenois son allusion, et craignant apparemment qu’elle ne m’eût déplu, il chercha à corriger ce qu’elle pouvoit avoir de choquant, et me dit avec un sourire forcé : « Je ne sais quel mauvais génie me pousse ce matin ; je n’agis et je ne parle qu’à contre-sens ; je suis honteux de moi-même, et j’ose à peine, madame, implorer mon pardon ».

« Votre pardon, mylord ! parlez-vous sérieusement » ?

« Pouvez-vous en douter ? mais s’il m’est permis d’être mon propre juge, je lis déjà dans les yeux de miss Anville qu’elle me fait grace ».

« Je ne vous comprends pas, mylord ; tout pardon suppose une offense, et je ne sache pas que vous m’en ayez fait ».

« Vous êtes la bonté même ; mais je n’attendois pas moins d’une douceur qui est au-dessus de toute comparaison ; ne m’accuserez-vous pas d’être un persécuteur, si je profite de vos dispositions favorables pour vous rappeler encore