Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mylord Orville étoit toujours pensif et se promenoit seul : je m’attendois par conséquent à rester abandonnée à moi-même, mais je me trompois. Mylord Merton, étourdi par ses succès et par les rasades qu’il avoit avalées, s’oublia au point de recommencer ses importunités, malgré la présence de cette même lady Louise, qui, jusqu’ici, lui avoit fait négliger envers moi les règles de la simple politesse. Il s’attacha à moi seule, me tint toutes sortes de propos galans, et voulut de force s’emparer de mon bras, que je retirois en lui donnant des marques non équivoques de mon mécontentement. Mylord Orville nous observoit d’un air sérieux, et lady Louise nous lançoit des regards de colère et de mépris.

Je ne pus me résoudre à demeurer exposée aux insolences de mylord Merton, et pour lui échapper, je prétextai d’être fatiguée, et je repris le chemin de la maison. Il me suivit de près, et en me retenant par la main, il me dit qu’il étoit le maître de cette journée, et qu’il ne souffriroit jamais que je le quittasse.

« Il le faudra bien cependant, lui répondis-je ».

« Vous êtes, reprit-il, une charmante