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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/204

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à Londres ; elle est logée chez une tante nommée madame Paterson, et on dit qu’elle est à la veille de faire un héritage considérable.

Je ne saurois vous dépeindre, monsieur, la sensation que ce récit produisit sur moi. Que veut dire tout ceci ? Vous a-t-on jamais parlé d’un second mariage de sir Belmont ? Dois-je croire qu’il a adopté une étrangère, tandis qu’il rejette son enfant légitime ? — Je ne sais que penser, et je me perds dans un abîme de réflexions plus effrayantes les unes que les autres.

Madame Selwyn a passé plus d’une heure dans ma chambre, pour délibérer avec moi. Elle me conseille de me rendre incessamment à Londres, d’y aller trouver mon père, et de lui demander une explication. J’ai trop de ressemblance, dit-elle, avec ma mère, pour que sir Belmont puisse balancer de me reconnoître dès qu’il m’aura vue. En attendant, je ne déciderai rien ; je ne prétends agir que d’après vos directions.

Je ne vous parle point de la soirée d’hier : je ne suis occupée aujourd’hui que d’un seul objet, et il m’intéresse trop pour que je puisse penser à autre chose.