Aller au contenu

Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donner la peine de la lui présenter. Je me suis levée très-indignée contre lui, et me suis retirée en lui annonçant que je ne manquerois pas de rendre sa conduite aussi publique qu’elle est déshonorante.

Tels furent les détails que me rapporta madame Selwyn. Jugez, monsieur, quelle impression ils firent sur moi ! Je n’y comprends absolument rien. Quoi ! cette miss Belmont que j’ai vue à Bristol passe pour être la fille de mon infortunée mère ; elle tient la place qui est due à votre Evelina ! Qui peut-elle être, et sur quoi prétend on fonder une pareille imposture !

Madame Selwyn ayant terminé cet entretien, m’abandonna à mes réflexions. Vous sentez bien, monsieur, qu’elles ne furent pas des plus gaies. J’avois écouté avec constance un récit qui n’étoit que trop propre à m’affliger ; dès que je fus laissée à moi-même, l’idée d’être rejetée avec tant de dureté se présenta à mon esprit dans toute sa force.

Je demeurai dans cette situation mélancolique, quand tout-à-coup la voix de mylord Orville vint me tirer de ma rêverie : « M’est-il permis d’entrer,