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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/310

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dit-il, sans interrompre miss Anville » ? Je ne m’y opposai pas, et il, prit une chaise à côté de moi.

« Je crains, miss, reprit-il, que vous ne m’accusiez d’être importun ; mais j’ai tant de choses à vous dire, tant de choses à apprendre de vous, et si peu d’occasions de vous voir seule, que vous ne devez ni être surprise, ni vous offenser de l’empressement avec lequel je mets tous les momens à profit. Vous êtes sérieuse, miss, ajouta-t-il en prenant ma main ; regretteriez-vous d’avoir différé votre voyage ? J’espère que non, et j’ose me flatter, que ce qui est pour moi une source de joie, ne sauroit vous faire de la peine. — Mais qu’avez-vous donc ? vous êtes si pensive ; y a-t-il quelque chose qui vous afflige ? Que ne suis-je en état de vous consoler ? — puissé-je être digne de partager vos chagrins » !

J’étois trop émue pour ne pas être sensible à l’honnêteté de ce procédé ; je ne pus répondre au lord que par mes larmes : « Juste ciel ! s’écria-t-il, vous m’inquiétez ; de grace, ma très-chère amie, ne me cachez pas plus long-temps les motifs de vos chagrins ; — souffrez que je vous aide à les supporter. Rassurez-moi, je vous supplie ; dites-moi