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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/311

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du moins que vous ne m’avez point retiré votre estime ; — que vous ne regrettez point les bontés que vous avez eues pour moi ; — que je suis toujours à vos yeux le même Orville, à qui vous avez permis de vous offrir l’hommage de son cœur ».

« Mylord, répondis-je, votre générosité m’accable ». Je pleurois comme un enfant. Les espérances qui me restoient du côté de mon père étant totalement renversées, je sentis plus que jamais combien l’attachement du lord étoit désintéressé, et cette réflexion fut un nouveau poids pour mon cœur.

« Mylord, ajoutai-je dès que je fus capable de parler, vous ne savez pas sur qui votre choix est tombé ! Orpheline depuis mon enfance, je ne dépends que des bontés d’un ami qui a bien voulu prendre soin de ma misère ; c’est à sa pitié que je dois jusqu’à la subsistance. Je suis rejetée, désavouée par ceux à qui j’appartiens le plus près. Ah ! mylord, dans ces circonstances, puis-je mériter la distinction dont vous m’honorez ! Non, non, je sens trop douloureusement la distance immense qui nous sépare. Vous devez m’abandonner à mon malheureux sort ; — je dois rentrer dans