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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/34

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dans la chambre en furieux. Mais quelle fut la scène qui suivit ! — Honteux de mes complots clandestins, convaincu de mes torts, il me fallut endurer les reproches les plus insultans. À la fin, pourtant, ses emportemens lassèrent ma patience, — Il me donna les épithètes de gueux, de lâche Écossais. Je pris feu à ces mots, et je tirai l’épée : lui, tout aussi alerte que moi, se mit en défense. Je n’avois point affaire à un vieillard, mais à un homme dans toute la vigueur de l’âge, et capable de me tenir tête. En vain sa fille implora sa clémence, en vain tâchai-je de réprimer ma colère pour le calmer : il continua ses reproches ; ma personne, ma patrie, furent chargées d’opprobres et d’ignominie. Je ne pus plus contenir ma rage : nous nous battîmes, et je le blessai dangereusement.

J’étois au désespoir de ce qui venoit d’arriver. La jeune demoiselle s’évanouit ; la duègne, attirée par le bruit, me pressa de prendre la fuite, et promit de m’informer des suites de cet événement. Le tumulte qui s’éleva dans la maison, m’avertit que je n’avois plus de temps à perdre ; je m’éclipsai, agité d’un trouble inexprimable.

Il étoit impossible que cette aventure