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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/337

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« Ma chère, m’a répondu madame Selwyn, votre père ne vous connoît pas ; il suppose que vous n’avez été élevée que pour le détester, et il vous craint plus qu’il ne vous aime ».

Cette réponse m’a vivement alarmée ; j’ai témoigné à madame Selwyn combien je desirois de détruire cette prévention, et de mériter son affection par une obéissance vraiment filiale : j’ajoutai que puisqu’il ne demandoit pas à me voir, j’étois fort embarrassée pour en trouver le moyen.

Ce soir nous avons eu assemblée chez nous ; dès que les parties de jeu furent formées, mylord Orville m’entretint en particulier, et employa toute son éloquence pour me réconcilier avec le plan précipité qu’on se propose de suivre. Jugez, monsieur, de ma surprise, lorsqu’il m’apprit que tout étoit arrangé pour mardi prochain, et que mon père lui-même avoit fixé ce jour pour être le plus important de ma vie.

« Quoi ! mardi, m’écriai-je presque hors d’haleine : oh ! mylord ». —

« Oui, ma chère Évelina, ce jour est destiné à me rendre le plus heureux des mortels, et il vous paroîtra sans doute toujours solemnel, dût-il être différé d’une