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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/35

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demeurât cachée ; j’en fis la confidence à mon ami. Vers minuit, la duègne vint me rapporter que son maître étoit en vie, et que l’évanouissement de sa jeune maîtresse n’avoit point eu de suite. Mon éloignement devint d’une nécessité absolue ; la duègne promit d’informer mon ami de la tournure que cette fâcheuse affaire pourroit prendre, et elle s’engagea de me faire parvenir des lettres par son canal. Dans ces circonstances, je quittai Paris ; les soins de mon ami favorisèrent mon départ, et j’arrivai en Écosse. J’aurois préféré de m’arrêter en chemin, pour être plus à portée de recevoir les nouvelles qui m’intéressoient ; mais le mauvais état de mes finances me priva de cette satisfaction.

Ma situation déplorable n’échappa point à la pénétration de ma mère. Elle insista pour savoir les motifs de mon chagrin. Je ne pus me refuser à ses instances, et je lui fis un récit fidèle de tout ce qui s’étoit passé. Elle m’écouta avec une émotion visible ; je lui nommai les personnes, et son effroi augmenta. Enfin, quand j’arrivai à la catastrophe, quand je lui dis que j’avois renversé mon adversaire, elle s’écria : « Ah ! mon fils, vous avez tué votre père » ! et dans le même