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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/341

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Il y a de la petitesse dans ce changement subit : aussi ne puis-je m’empêcher d’y répondre avec une espèce de mépris ; je déclinai son invitation avec autant de froideur qu’elle m’en a montré jusqu’ici. Mais comme je remarquai que mon refus la faisoit rougir, je devins moins fière ; j’aurois été fâchée de faire de la peine à la sœur de mylord Orville. J’acceptai donc la promenade, d’autant plus que madame Beaumont m’en fit la proposition une seconde fois.

Nous nous sommes honnêtement ennuyées toutes trois : madame Beaumont, qui ne parle pas beaucoup, fut encore plus tranquille que de coutume ; lady Louise fit des efforts perpétuels pour mettre de côté l’air de contrainte et de hauteur qui lui est naturel ; et moi-même je connoissois trop bien les motifs auxquels je devois attribuer ses politesses, pour en tirer la moindre vanité.

Mylord Orville fut bientôt de retour ; sa présence ramena la gaîté et la bonne humeur parmi nous : « Voilà justement, nous dit-il, l’occasion que je cherchois. Permettez, miss, que j’aie l’honneur de vous faire connoître sous votre véritable nom, à deux de mes plus proches parentes. Madame Beaumont, je vous