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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/65

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me demander si sa tante ne m’avoit rien dit ? Je ne lui répondis point, et il en resta là. M. Smith et le sieur Brown n’étoient point de cette partie : le pauvre M. Dubois voyant que je l’évitois, en parut fort attristé.

J’apperçus, à quelque distance, mylord Orville qui se promenoit avec des dames, et je me cachai derrière miss Branghton pour l’éviter : je n’aurois pas voulu qu’il me retrouvât dans un endroit public, avec une société dont je n’avois pas sujet de me vanter.

Mon dessein réussit, et je ne le revis plus ; d’ailleurs la pluie survint, et nous quittâmes bientôt le jardin. Nous fûmes obligés de nous retirer dans une taverne pour nous mettre à l’abri du mauvais temps : nous y rencontrâmes deux domestiques, dont je crus reconnoître la livrée ; et effectivement, ils appartenoient à l’équipage de mylord Orville.

Je crus bien faire, en priant miss Branghton de ne point m’appeler par mon nom. Cette précaution étoit superflue ; car, parmi ces gens-ci, je n’ai point d’autres noms que ceux de cousine ou de miss ; mais les choses les plus innocentes suffisent souvent pour m’occasionner des embarras.