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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/97

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même de la part d’un étranger ; donc je devois à bien plus forte raison y être sensible, lorsqu’elle me vient de l’homme dont je l’attendois le moins.

Vous êtes bien aise, dites vous, de ce que j’ai laissé la lettre sans autre réponse : m’eût-il écrit dans les termes les plus respectueux, je me serois bien gardée de pousser cette correspondance plus loin ; l’air mystérieux avec lequel ce billet fut remis, et le projet de renvoyer son domestique le lendemain, suffisoient pour m’inspirer de la défiance. Je suis naturellement ennemie des menées sourdes, et de tout ce qui craint le grand jour, quoique dans la démarche dont il s’agit, j’aie eu le malheur de m’écarter du droit chemin, que j’ai été accoutumée de suivre depuis ma plus tendre enfance.

Il prétend que j’ai engagé un commerce de lettres avec lui ! Et comment peut-il me supposer un tel dessein ? me croire aussi hardie, aussi effrontée, aussi sotte ? J’ignore si son valet est repassé le lendemain ; mais je me réjouis d’avoir quitté Londres avant l’heure marquée, et sans avoir laissé de message. Qu’avois-je à dire d’ailleurs ! c’eût été faire trop d’honneur à une telle lettre,