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Page:Burney - Evelina T2 1797 Maradan.djvu/98

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que d’en tenir le moindre compte à l’auteur.

Mais je n’en reviens pas ; comment a-t-il pu l’écrire ? Oh ! ma chère Marie, qu’est-ce qui l’a engagé à offenser une fille qui auroit mieux aimé mourir que de lui faire de la peine ? Quelle licence dans son style ! Observez avec quel peu de ménagement il a entrecoupé ses prétendus remercîmens et ses expressions de reconnoissance ! Qui auroit soupçonné un homme aussi modeste en apparence, d’être capable d’une telle vanité !

Je regrette de plus en plus la retenue que je me suis imposée envers M. Villars ; je ne comprends rien à mon opiniâtreté : dans les premiers temps, je sentois une répugnance insurmontable de publier cette affaire ; — aujourd’hui, je suis honteuse de convenir que j’ai un secret à révéler ! Mais je mérite punition ; c’est par une fausse délicatesse que j’ai gardé le silence ; car, puisque mylord Orville lui-même n’étoit pas jaloux de soutenir son caractère, étoit-ce à moi de le sauver aux dépens du mien ?

Dans le moment présent, où le premier choc est passé, et où je commence à envisager l’affaire sous son vrai point