Aller au contenu

Page:Burnouf - La Science des religions.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culte d’Orphée a passé tout fait dans les monuments chrétiens : Orphée y a gardé son nom.

Au IVe siècle, d’après une lettre de saint Jérôme à Marcella, la Palestine était un centre où se rendaient les hommes de toutes les parties du monde, parmi lesquelles il énumère l’Arménie, la Perse et les Indes.

Un peu auparavant, Eusèbe faisait remarquer dans son Histoire ecclésiastique que les chrétiens étaient appelés barbares, comme appartenant à une religion étrangère et venue du dehors, barbaræ ac peregrinæ, ce qui ne saurait qualifier la Judée ni l’Égypte, qui faisaient partie de l’empire romain.

Au IIIe siècle, Tertullien parle des brâhmanes et des ascètes indiens, comme étant bien connus de son temps.

Sur la fin du IIe siècle, saint Hippolyte prétend que plusieurs hérésies sont calquées sur certains systèmes des brâhmanes de l’Inde, preuve que saint Hippolyte n’ignorait pas ces systèmes. Peu de temps auparavant, l’évêque de Sardes, Méliton, écrivant en 170 à Antonin-le-Pieux. lui dit : « La doctrine que nous professons a d’abord fleuri chez les barbares ; mais ensuite, quand, sous le règne glorieux d’Auguste, elle a pris racine chez les nations soumises à votre gouvernement, elle est devenue pour votre royaume une source de bénédiction. » Cette phrase exclut aussi l’Égypte et la Judée.

Au temps de Jésus-Christ, le Juif Philon, qui connaissait le Buddha, les çramanas et les brâhmanes, écrivait, en parlant d’Alexandrie et de tout le sud-est de la Méditerranée, ces paroles solennelles : « Il y a ici un homme qui s’appelle l’Orient. » M. Reinaud a traité, dans le Journal asiatique, des relations officielles de l’Inde avec l’empire romain ; il serait d’un haut intérêt que cette question fût reprise dans toute son