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Page:Buscailhon - Du charbon chez nos principaux animaux domestiques.djvu/17

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Opinion de Lafosse. Notre professeur attribue la genèse du charbon aux aliments, et comme cette affection n’est spontanée que chez les herbivores et les omnivores, il fait ressortir leur mode de préparation. En effet, l’homme se nourrit d’aliments cuits, préparés ; tandis que les animaux les mangent à l’état de nature. Or, nous savons que la cuisson détruit les helminthes que contient la viande trichinée, et que l’on peut se nourrir impunément de ces viandes infectées. Ne se pourrait-il pas que la même préparation rendît les aliments altérés, inoffensifs ?

M. Lafosse, qui admet que les maladies du sang se conduisent comme les affections parasitaires, pense que les germes microscopiques produisent le charbon, et les bactéries ou bâtonnets que l’on trouve dans le sang ne seraient, d’après lui, qu’une transformation ou une éclosion de ces mêmes germes. En vertu de ce principe, il propose des expériences pour démontrer ce qu’il y a de vrai dans son opinion.

Ainsi, la maladie règne dans une contrée où les animaux se nourrissent naturellement des aliments fournis dans les lieux où ils vivent ; il faudra faire venir des aliments d’une contrée où le charbon n’existe pas et voir si la maladie exerce encore ses ravages ; ou bien encore, faire l’inverse, prendre des aliments d’une contrée infectée et les transporter dans une contrée saine, et si l’on voit les animaux auxquels on aura supprimé le premier mode d’alimentation ne plus être attaqués, tandis que la maladie sévira sur les animaux, se nourrissant des aliments provenant des contrées où existe le charbon, la preuve sera évidente. Du reste, le hazard n’a-t-il pas lui-même expérimenté : Exemples : 1° quand le charbon règne en Beauce, on fait émigrer les animaux en Sologne, et la maladie disparaît ; 2° les maquignons qui achètent les moutons affectés du sang de rate, les font émigrer dans cette contrée et la maladie disparaît aussi.