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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/106

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pourprées sous les derniers rayons du soleil qui fuyait à l’horizon, vers le pays de France. Les rochers qui se dressent sur les bords du Doubs, recevaient un reflet de cet embrasement céleste. Ils n’avaient plus ce ton gris de pierre, mais se nuançaient de couleurs plus douces, plus chaudes, lesquelles s’harmonisaient avec le tapis de verdure qui les enveloppait. Et on entendait toujours, au fond de la vallée, le roulement des eaux sur les gros cailloux de la rivière, roulement que les échos se renvoyaient à l’infini, de vallon en vallon, de paroi en paroi. Au sommet des côtes, dans la région des pâturages, ce n’était plus qu’un grondement plus ou moins perceptible que dominait, avec une netteté de métal, le tintement des clochettes. Splendide tableau qu’on ne se lasse pas de contempler, qui prend de nouvelles dimensions à mesure que l’on s’élève, embrassant peu à peu un espace immense ; cirque formidable, que l’on dirait creusé par une main de géant inconnu, par une troupe de Cyclopes qui auraient disparu, une fois l’œuvre achevée.

Maurice, très sensible aux beautés de la nature, avait fini par regarder aussi la profonde vallée et les sites qui en peuplent les