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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/120

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frontières ; si, quelquefois, il y a des « vendus », ces délations ne sont jamais le fait des vrais contrebandiers…

Dans la salle d’auberge, les hommes s’étaient attablés. On venait de leur servir à boire et à manger. Les ballots avaient été déposés dans un coin de la chambre, et l’on voyait, au gonflement des torses, que les contrebandiers portaient encore des marchandises sous leurs vêtements. C’étaient des montres de La Ferrière et des montagnes neuchâteloises, très recherchées en ces temps-là et dont le commerce procurait de gros bénéfices. Quant aux « charges », elles contenaient des soieries de Zurich, des dentelles de la contrée et des rubans de Bâle.

— Et vous avez une longue course à faire cette fois ? demanda Jean Gaudat.

— Oui, et très pénible ! Dix lieues à peu près jusqu’à destination. Mais nous ne nous pressons pas, nous devons arriver seulement pendant la nuit de demain. Nous passerons la journée quelque part, dans l’une ou l’autre des fermes où nous avons un pied-à-terre. Ce n’est donc guère avant deux jours pleins et trois nuits que vous pouvez nous attendre. Nous comptons sur vous pour le retour, parce