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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/157

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vrons de nouveau le sentier que vous connaissez déjà. En route !

Et ils se remirent en marche.

Maurice était bien à la hauteur de son rôle de chef et d’éclaireur. En ses jours de loisir, lorsque la troupe attendait l’arrivée de marchandises, il parcourait les côtes du Doubs, le plus souvent avec son ami, Emile Brossard, pour reconnaître les chemins, causer et s’entendre avec les gens des fermes et surtout pour observer, d’un air indifférent, les postes et le va-et-vient des gabelous. Pour le cas où il serait obligé de fuir, ou même s’il tombait entre les mains des gardiens de frontière, son lieutenant avait des ordres précis : c’est lui •qui prenait la direction de la troupe, soit pour délivrer Maurice, soit pour mettre en lieu sûr les « charges » menacées.


Il ne sera certainement pas sans intérêt pour le lecteur d’assister à l’une des plus audacieuses marches qu’un éclaireur de ma connaissance fit faire à ses contrebandiers, au nombre d’une quinzaine. C’était en hiver. Au moment du départ, il neigeait, ou mieux, il neigeottait. La troupe avait déjà franchi la première ligne de la douane, s’en allait tranquillement, sous un