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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/158

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ciel plutôt noir, à travers une large plaine dont le milieu est occupé par un étang, que l’on appelle, dans la contrée : L’Etang fourchu, à cause de sa forme même. Tout à coup, et sans que rien ait signalé la présence des douaniers, l’éclaireur en voit venir de droite, de gauche et quelques autres qui les suivaient. Reculer ? C’était impossible. Les contrebandiers étaient cernés de trois côtés. Seul, devant eux, ils n’avaient de libre que le côté de l’étang. Sans hésiter, le chef s’approche du bord, constate avec joie que la surface est gelée et que la glace résiste, du moins près de la rive. La neige tombée empêchait de distinguer sur quel sol l’on se trouvait. L’éclaireur va de l’avant, ses hommes après lui. Ils ignoraient tous qu’ils marchaient peut-être à une mort certaine, car si le milieu de l’étang, à l’eau très profonde, ne portait pas, les seize étaient perdus. Les gabelous, surpris, se sont arrêtés : ils n’osent s’aventurer en si grave péril…

Heureusement, la glace était assez forte. Les contrebandiers ont pu traverser, ils sont de l’autre côté, libres, sauvés par l’audace, la témérité de leur chef. Lorsque ce dernier racontait cette expédition-là, il en frissonnait